Préface au livre Une photo par jour
« Ce n’est pas l’homme qui arrête le temps,
c’est le temps qui arrête l’hmme. »
François-René Chateaubriand
Cette série de photographies est le résultat d’une double contrainte.
Celle de rester chez soi, imposée par le gouvernement au milieu de ce mois de mars 2020.
Et celle que Christelle Bolmio décida alors de s’imposer : réaliser une photo originale par jour,
publiée chaque soir sur les réseaux sociaux...
Commencée le 17 mars, jour d’entrée de notre pays en confinement total, elle trouve son terme —
sa délivrance — le 2 juin, le jour qui a permis à chacun de « s’échapper » à plus de cent kilomètres
de son domicile, d’enfin retrouver la sensation de liberté.
Ce challenge — exutoire, autant que défi jeté au travers d’un temps difficile, ou qui s’annonçait
tel — elle s’y donna pleinement chaque jour, jusqu’à l’obtention patiente de l’œuvre « imaginée ».
Le début de la série révèle sans doute l’obsession de l’enfermement : rideaux, volets à peine clos,
ouvertures prudentes sur un morceau de jardin paisible...
Puis l’imagination prend le dessus, s’échappe — la poésie s’installe, et, alternant avec des scènes
curieuses ou jolies, rencontrées au fil de promenades dans la limite du kilomètre autorisé et dû-
ment renseignées sur l’attestation dérogatoire, ne cessera de s’imposer comme le seul fil conduc-
teur de cette série.
Quelquefois, l’envie de créer ex nihilo, en studio ou au jardin, s’impose : mises en scène d’objets
anciens ou du quotidien, ciselées par les torches électroniques ou bien le soleil qui, heureusement,
ne manqua pas.
Voici donc un patchwork d’impressions, de scènes, de promenades, de rêves... sorte de journal
d’une période exceptionnelle.
Et d’invitation à observer la nature et les choses qui nous entourent en n’oubliant pas d’en goûter
la poésie toujours présente...
Yves Leboucher