Texte des rabats de Rousselet peintures

 

Lorsqu’il était à l’École nationale des beaux-arts, Charles Rousselet étudia, comme tous les jeunes de sa génération, les courants artistiques du XXe siècle, très représentés par les plasticiens abstraits et leurs travaux de recherche. Au fil des années, il se consacre néanmoins à l’art figuratif qui, loin d’être un mouvement d’avant-garde, tente sa propre évolution.

 

Charles Rousselet puise ainsi son inspiration aux deux grandes sources de l’art pictural que sont, d’une part, sa formation traditionnelle de peintre, et d’autre part, la conception contemporaine du terme de plasticien.

 

L’ouvrage présenté ici retrace presque trente années de peinture.

 

Dans cette peinture, dès les premières œuvres, se voit la préoccupation du peintre à se situer dans son époque. Il dit ne pas pouvoir cesser de regarder le monde — sa fascination pour celui-ci est visuelle : voir est pour lui une source d’émerveillement autant qu’un besoin, une nécessité instinctive, et une fonction réconciliante avec la vie. De l’acte de voir à l’acte de peindre, il n’y a qu’un geste, geste qui naît d’une émotion originelle — et qui fait de Rousselet un peintre figuratif.

Grâce à la notion de plasticité du tableau, concept ayant été mis en valeur par les artistes du XXe siècle — sans doute l’un des grands chantiers picturaux de ce siècle — Rousselet parvient à faire avancer sa réflexion. C’est ainsi que l’on perçoit, dans l’évolution de son art, la synthèse entre conception plastique du tableau et figuration traditionnelle.

Depuis l’impressionnisme, véritable chamboulement de l’art figuratif, avec le post-impressionnisme, le surréalisme, l’« École de Paris » d’après-guerre, et certains mouvements comme « Force nouvelle », cet art n’a cessé d’évoluer. Rousselet a étudié ces courants, et se situe dans le prolongement de ceux-ci.

 

La conception de ses œuvres révèle des effets de masses, où surfaces animées, silencieuses, colorées par complémentarité ou fortement contrastées, s’agencent de façon novatrice. Chez lui, le thème figuratif s’associe à une scénographie afin de se dématérialiser et céder le pas au « jeu pictural ».

 

                                                Yves Leboucher